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dimanche 28 mars 2010
8 jours en Bretagne pour se préparer au grand départ
8 jours express d'un enseignement attentif au pilotage d'un multicoque de croisière. Exécuter et appliquer sur le terrain les procédures intégrées en théorie, confronter la bible des Glénans à l'expériences d'une navigation en fin de période hivernale; voilà ce que Noel et Joelle ont tenté de nous inculquer pendant une semaine durant laquelle nous aurons été confrontés à toutes les conditions climatiques que peut espérer un voileux qui se respecte.
Des vents de 40 noeuds ont levé un océan atlantique qui n'attendait que cela pour déferler par dessus le cockpit, des températures parfois réfrigérantes ont rythmé les escales qui se sont succédées.
L'Athena 38 instrument de notre apprentissage, est un catamaran relativement semblable à celui qui nous emmenera autour des Caraibes pendants 11 mois. Cette version propriétaire 3 cabines, bien équipée, nous a rassurée sur notre capacité à vivre ensemble sur des espaces relativement confinés.
Après un (très) long voyage en TGVet une nuit tranquille sur "15 de bordée", le catamaran qui nous accueille pour cette croisière, nos nerfs ont été d'emblée sollicités pour passer les écluses (étroites) qui garantissent au port de Vannes un niveau d'eau constant.
En revanche, le bassin du golfe Morbihan offre les conditions les plus variées qui soient, ses eaux qui se vident comme un lavabo avec des courants parfois violents, ont été les témoins de l'initiation réussie d'Emmanuelle à la cartographie marine, aux relevé GPS et aux propositions de Caps à prendre. Navigation dans les chenaux (balises rouges à tribord en sortant, aux Antilles, c'est l'inverse), prises de coffres et de bouées, appontements se sont succédés au moteur afin de jauger notre capacité à atterrir, à appareiller et à pique-niquer.
Les paysages sont superbes, la lumière après le sombre hiver, nous ravit.
L'après-midi, sous voiles, nous sillonons le golfe: superbes propriétés bretonnes en bord de mer, un véritable catalogue de maisons de charme. Nous enchaînons les virements de bord, le cata file tranqillement à 7 noeuds.
Après une deuxième nuit passée au ponton de l'île aux Moines, remontée au prés vers Port Alighen, utilisation du pilote, déroulement du génois, réglage de la grand'voile avec un gentil vent d'un quinzaine de noeuds.
La mer est belle, le temps agréable, les choses se passent en douceur, les gestes se précisent à force de répétition: envoyer, affaler, prises de ris se succèdent. Pour se sentir de plus en plus en confiance. Pour être capable d'agir en toute autonomie.
Les impressions sont bonnes: pas de mal de mer, perception d'un espace important sur le cata par rapport aux monocoques type Glénans de 31 pieds où on était vraiment les uns sur les autres. L'imagination vagabonde allègrement pour se transposer dans un monde tropical, en plein soleil avec une eau à 28 degrés.
Cette mise en situation est primordiale, décisive pour Emmanuelle: sa première expérience sur un habitable. En même temps le projet est déjà trop avancé pour pouvoir encore renoncer: les congés parentaux ont été officiellement demandés et acceptés, un acompte significatif a été versé pour la location de Kakao et puis nous avons tellement saoulé notre entourage...
Totalement inconscients diront certains ou plutôt parfaitement lucides sur ce qui nous convient, en phase avec nos intuitions et la conviction pour tous les deux, que ce rêve va se réaliser parce que nous le voulons et que nous mettons tout en place pour qu'il en aille ainsi. Que les rêves n'ont de sens que quand il se concrétisent. Comme diraient les autres, ceux qui sont partis avant: "il faut vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie".
N'empêche, si Emmanuelle avait passé sa semaine à gerber ses illusions par dessus bord, je ne sais ce qu'il serait advenu.
La chance veillait et les nausées ne seront pas du voyage.
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