vendredi 3 septembre 2010

A la découverte de l'ile aux épices - Spice Island


La veille du départ de Marc, Sophie et Mattéo, nous décidons de louer une voiture, pour aller les conduire à l'aéroport à 5h00 du mat et pour découvrir Grenade de façon plus approfondie. Lever difficile pour le départ à l'aéroport, Marc assure (comme d'habitude), prépare du café pour les épaves qui émergent du sommeil ou de l'insomnie.  Départ en annexe avec tous les bagages dans un noir d'encre pas du tout rassurant.  Les lampes frontales font de la figuration et nous craignons de nous prendre une bouée, une balise ou une caille de corail.  Si Samsonite est renommé pour sa solidité, pas sûr qu'une immersion par quelques mètres de fond sauve les valises du naufrage définitif.
La voiture, rutilant 4X4 automatique, 15 ans d'âge, peut enfin démarrer dans le fracas de la courroie de l'alternateur, entraînée par la climatisation poussée à fond.  Je m'était bien demandé pourquoi la gentille dame ne l'allumait pas lorsqu'elle m'a accompagné pour aller quérir LE permis nécessaire pour rouler à Grenade.  Elle m'avait, avec assurance et un sourire faussement candide, certifié que la clim fonctionnait parfaitement; non par snobisme ou refus d'accompagner une démarche citoyenne orientée développement durable, mais parce qu'à l'heure où je couche ces quelques mots, je dégouline littéralement.


Finalement tout est OK, les angoisses aéronautiques de Sophie restent néanmoins bien présentes mais pourtant l'avion LIAT de 6h25 a bien décollé au ras de l'eau (avec ses 2 hélices comme aux temps héroïques de l'aéropostale).


Retour sur Kakao vers 7h00 pour un grand nettoyage: lessive et reprise de possession ou plutôt quasi inauguration de notre cabine versus propriétaire comme on dit dans le jargon: vaste chambre à coucher avec miroir au fond (sic) et nombreuses penderies, salle d'eau et salle de bain, que veut le peuple.


3 heures plus tard, c'est plié et nous démarrons avec l'annexe jusqu'au rivage où nous attend le sus mentionné rutilant carrosse.  La climatisation, effectivement, était fonctionnelle, avec en permanence 120 db de courroie d'alternateur qui dérape sur des routes de montagne inclinées à 30% (les lacets, cela accroît le coût des routes - comme en Syrie pour ceux qui se souviennent).
Départ par la côte: Morne Rouge, Grande Anse et Saint Georges, la Capitale.  L'étroitesse des routes corses, c'est de la rigolade, les Italiens au volant, de la roupie de sansonnet, ils roulent vraiment comme des dingues et votre serviteur, dont vous connaissez, pour certains d'entre vous, les travers passés, est totalement terrorisé.


Les couleurs sont créoles, maisonnettes en bois, uniformes de collégiennes anglaises et autres images d'Epinal.
Nous nous rendons aux Concordia Falls: petites maisons donnant sur la cascade obligeant les rares touristes égarés à payer un dollar US pour descendre via un sentier traversant la terrasse propriétaire, barboter dans une vasque aux vagues relents paradisiaques.
Cela ne nous intéresse guère. Nous optons pour la solution 'package' et acceptons la balade proposée par Bradford vers d'énigmatiques 'autres cascades' pour une distance et une durée qui ne le sont pas moins.  La rémunération du quidam est laissée à la discrétion du touriste en goguette.
Nous ne serons pas déçus.  Le gaillard se révèle une véritable encyclopédie aromatique: muscadiers, girofliers, arbre à Cacao, une multitude de plantes que nous humerons dans une démarche que Suskind aurait apprécié avec un enthousiasme jubilatoire.  Les parfums explosent dans les narines, jamais nous n’avons été exposé à des senteurs aussi violentes et subtiles.  Gingembre, basilic et agrumes se bousculent rapidement, les intitulés disparaîtront car notre mémoire est incapable d'assurer la rétention de ces informations odoriférantes nouvelles, les sensations, elles subsisteront.
Après 2 heures de promenade à travers le bocage grenadien, arrivée à une cascade d'Anthologie publicitaire malheureusement interdite à la baignade car située dans une zone de captage d'eau potable.
Après avoir joué de la machette de façon un peu trop ostentatoire, avoir laissé en chemin de quoi subvenir aux besoins alimentaires de sa probable nombreuse progéniture (un régime de bananes coupé habilement), Bradford a été profondément coupé par une herbe grasse.  Un peu comme si Crocodile Dundee se faisait bouffer la main par un hamster...
Sur le chemin du retour, nous nous faisons emboutir la voiture par un jeune quidam lancé en descente à toute allure dans sa jeep blanche, qui dans un anglais très scolaire et dans un style que sa gracieuse majesté n'aurait pas renié:" I'm sorry sir, I have no brakes more".

En exclusivité et conformément à l'approche prudencielle qui nous caractérise à tord parfois, la photo du véhicule qui nous a outrageusement embouti.
Mais tout s'arrange via un constat sur calepin où notre ami reconnaît son incurie.

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