vendredi 14 janvier 2011

L'orphelinat de l'île à Vache

L’orphelinat est né de l’initiative de Sœur Flora, il y a 30 ans. Il accueille actuellement 25 enfants handicapés et une vingtaine d’enfants de 1 à 14 ans encadrés par du personnel.
Son activité caritative est tournée vers l’interne et l’externe.
Les enfants non handicapés sont scolarisés tous les matins à l’école et passent l’après-midi à l’orphelinat. Quant aux enfants handicapés, ils bénéficiaient de bains thérapeutiques dans la mer, activité à ce jour interrompue suite au vol du moteur de leur annexe qui servait à les transporter.
 
 

Il apparaît rapidement que les besoins d’encadrement sont importants. Sœur Flora souhaiterait s’entourer de formateurs afin de former le personnel encadrant et passer d’une logique de surveillance à celle d'un projet éducatif.
Dans le bâtiment principal, s’organise la vie collective au quotidien. Les handicapés sont couchés sur des tapis au sol et les plus petits jouent au milieu d’eux. Les repas se prennent au même endroit. Le sol est en béton et gagnerait pour des raisons sanitaires à être carrelé.
De nouveaux bâtiments ont été construits et offerts par une ONG irlandaise il y a 3 ans. Ils apporteront plus d’espace, de confort et d’hygiène aux enfants handicapés. Cependant, la mise en couleur retarde l’occupation du bâtiment. Et l’énergie de sœur Flora n’a pas forcément contaminé toute l’équipe qui l’entoure.
 
 
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Les cuisinières cuisinent au feu de bois au milieu des poules et du chat, les murs sont noirs de suie et l’air saturé de Co2. De nouvelles cuisinières au gaz offertes par l’aide internationale sont entreposées dans ce qui sera la future cuisine et ne demande qu’à fonctionner. La résistance au changement est forte et le passage du bois au gaz difficile à envisager pour le personnel.
La lessive se fait à la main au lavoir qui se trouve sur le même site. La pompe à eau reliée au puit est cassée, dès lors l’eau utilisée est celle récoltée par les toits lorsqu’il pleut. Ce qui constitue une difficulté supplémentaire en saison sèche. Une machine à laver ingénieuse actionnée par un pédalo a été abandonnée au profit du lavage manuel, certes efficace, mais plus consommateur en eau.
Sur le plan sanitaire, Sœur Flora soigne plusieurs fois par semaine, tous les habitants qui se présentent au dispensaire. Les cas les plus graves ou les plus urgents sont transférés à Cailles à Haïti, ville la plus proche à 1H en bateau rapide de l’île à Vache.
En ce moment d’épidémie du choléra, on lui apporte des petits bébés dont les mamans sont contaminées.

L’orphelinat vient en renfort logistique du centre médical d’urgence de MSF Espagne. De manière générale, Sœur Flora vaccine les enfants, soigne les plaies et administre des traitements.
 
 

L’école financée par l’orphelinat accueille quotidiennement 300 élèves (section maternelle et primaire). La matinée se clôture par un dîner, ce qui représente un incitant à la scolarisation.
De nouveaux bâtiments ont été érigés par l’aide internationale américaine. Malheureusement, les toits ont été construits en béton et se sont fissurés lors du tremblement de terre il y a un an. Plusieurs classes sont à l’abandon attendant une réparation à ce jour non planifiée.
 
 
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Rencontre avec Sœur Flora à l’orphelinat

Sœur Flora, infirmière canadienne de l’ordre de Saint François d’Assise, âgée aujourd’hui de 70 ans, préside depuis 32 ans à la destinée et au développement de l’orphelinat et de l’île à Vache en général.
Dès la première rencontre, quelque chose se passe. L’énergie et la force dégagées par Sœur Flora Blanchette s’imposent d’emblée. Ce flot, ce jusant, cette marée d’amour sont quasiment palpables physiquement tant sa foi en l’homme et en Dieu est puissante.
Tout en elle révèle l’être d’exception, quasiment transcendée, puisant ses ressources dans un amour infini, malgré la misère, la maladie, la crasse ou les défauts des hommes ordinaires : la cupidité, le vol, la paresse.
 
Totalement indifférente aux choses terrestres pour ce qui la concerne (elle dort par terre depuis 30 ans, dans son bureau, pour être plus proche des enfants), ce qu’elle irradie vers nous m’a beaucoup troublé et nous interroge fortement sur nos valeurs, le sens que nous donnons à notre existence, les engagements que nous privilégions ou non.
Son investissement, nullement contemplatif, est ancré dans l’action et dans une volonté agissante d’aider son prochain. Infirmière de formation, elle n’a de cesse de recevoir en consultation, soigner, écouter, donner aux enfants, aux habitants de l’île à Vache.
A l’écouter et à la regarder se démener, des images viennent se superposer : Sœur Emmanuelle, l’Abbé Pierre, …
Si la sainteté existe, c’est bien ici qu’elle se trouve et non dans le giron des draperies et des dorures d’une Eglise qui a parfois oublié le sens de sa propre existence.

 
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Déchargement et acheminement des médicaments, matériel d’hygiène et nourriture à l’orphelinat.

Après 3 jours de traversée, nous mouillons face au village de Caille Coq. A peine arrivés, nous rencontrons par hasard en baleinière , Marlène, la bénévole française de l’orphelinat accompagnée de 6 personnes. Ce bateau à moteur puissant de 115CV permet de rejoindre la ville de Cailles à Haïti. On hésite à décharger le matériel immédiatement ou attendre les 2 autres bateaux (D’Un B et Talabao) qui arriveront quelques jours plus tard.
En raison de la nature du chargement pour pallier l’urgence (lait en poudre pour bébé, langes, perfusions de Ringer lactate et solutions ORS pour soigner le choléra), la première option sera retenue. Marlène et ses hommes embarquent la cargaison de KAKAO.
Nous apprendrons le lendemain qu’une dizaine de boîtes de lait de bébé et de langes ont été dérobés lors de la remontée du matériel du quai à l’orphelinat, soit 1/4H à pied par le sentier.
 
Ce vol provoque en nous de l’agacement, de l’incompréhension et de l’intolérance. Il est inacceptable de détourner l’argent des donateurs pour lequel nous nous sommes portés garants.
C’est notre premier choc culturel face à des comportements institués, dans un pays où il est normal de voler tout ce qui peut l’être. Dans un pays où l’on ne mange pas à sa faim, où les enfants manquent de lait, où … chacun essaie de s’en sortir comme il peut.
 

Fort de cette expérience, nous organisons la logistique pour le déchargement des 2 autres bateaux.
Le matériel est acheminé dans la baleinière de l’orphelinat depuis le Port Morgan où nous sommes jusqu’au village de Madame Bernard.
Il est composé essentiellement de matériel nécessaire à la prévention ou au traitement du choléra : lait de bébé, langes, savons, javel, gants plastique, torchons, balais, seaux, bassines, poudre à lessiver, médicaments : perfusion, solution d’hydratation, antiseptique, anti-inflammatoire, antibiotique, …
Rassemblé dans de gros sacs, le matériel est transporté sur des échelles, dans des seaux et des bassines. La marche est groupée afin d’éviter toute dispersion et fuite du matériel.
La seconde opération est une réussite. Les 7 équipiers aident Marlène et Sœur Flora au rangement dans l’entrepôt et la pharmacie.
 
 
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