lundi 17 janvier 2011

Le choléra au temps du GSM

C’est probablement une des images les plus fortes de notre passage à Haïti. Sur l’île à Vache, des gens meurent sur des civières le GSM en poche.
En effet, alors que la pauvreté, le manque de latrines, le peu d’hygiène et l’eau impure sont les facteurs de transmission du choléra, l’opérateur de téléphonie mobile Digicel gagne chaque jour de nouvelles parts de marché.
 
Le centre MSF Espagne présent sur l’île accueillait en période de crise jusqu’à 60 nouveaux cas par jour. Lors de notre passage, grâce à un temps plus sec, une dizaine de cas arrivent quotidiennement.
 
MSF a monté un hôpital d’urgence sous tentes juste à côté de l’orphelinat où ils accueillent sur des civières les malades les plus graves alités et réhydratés par perfusion. Les autres, plus valides, sont soignés à l’entrée et attendent sur des chaises et tables.
 
Face à cette situation sanitaire, nous sommes extrêmement vigilants : désinfection systématique des mains et pieds avant de monter sur le bateau et de tout ce que l’on embarque - matériel, fruits, noix de coco en provenance de la terre.
Par ailleurs, nous avons pris des médicaments de manière préventive dont le traitement est limité à 10 jours, c’est la raison pour laquelle nous ne resterons malheureusement pas plus longtemps.
 
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L'ïle à Vache

 
 
 
 
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L’île à Vache

Une insularité qui a préservé sa quiétude (peu ou pas d’insécurité), son environnement mais aussi son très faible développement économique.
Sur l’île, qui compte 25000 habitants, pas de route, pas d’électricité, pas d’adduction d’eau potable. Les (longs) déplacements se font à pied, ou plus rarement à dos de mule. Les paysages sont verdoyants et harmonieux. Très vallonnée et surplombée par des mornes, collines où paissent les vaches et les chèvres, l’île regorge de zones humides, mangroves et lacs plus ou moins saumâtres.
 
Du village de Caille Coq, face auquel où nous sommes mouillés, il faut marcher 1H30’ (aller simple) pour se rendre au seul marché de l’île à la ville de Madame Bernard.
Les habitants, nombreux par rapport à la superficie totale de l’île, sont regroupés dans des villages parfois coquets, souvent très pauvres, disséminés sous les palmeraies.
Les maisons regroupent le plus souvent des familles de 7 à 8 personnes. Le type d’habitation indique le niveau de richesse de ses habitants, tant par les matériaux choisis (en pierre cimentée ou en torchis) que par son aménagement immédiat. Les plus nantis délimitent leur propriété par une haie, une barrière, un muret, un jardin. Pour les plus pauvres, chemin et terrain se confondent.
Certains possèdent des bêtes attachées au piquet : vaches, mules pour le transport, petits cochons noirs, chèvres et moutons. Seules les poules sont en liberté, leurs œufs deviennent la propriété de ceux qui les trouvent.
Le linge sèche à même le sol ou sur la végétation, rarement sur des fils.
 
 
Les repas, composés essentiellement de riz cuit à l’huile accommodés de poisson et plus rarement de viande (poule) sont cuisinés au feu de bois. Cette odeur particulière et authentique imprègne chaque soir le ciel et nous parvient jusqu’au bateau. Nous avons cependant découvert au détour d’une promenade des fours solaires neufs , qui, manifestement servent davantage à amuser les enfants avec ses reflets de miroir plutôt qu’à cuisiner.
La difficulté d’approvisionnement en eau potable est permanente, le risque de contamination et de choléra très présent par ce vecteur.

 
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